Une fois de plus, tout a (re)commencé au salon de la plongée …. Nous sommes en janvier 2010 et étions à peine rentrés et pas encore remis de notre (grand) périple de plongée en Indonésie, la découverte des Raja-Ampat, les tombants de Bunaken, les créatures étranges de Lembeh, les plongées poubelles à Ambon, la variété de la faune et de la flore autour de la fameuse ligne de Wallace et toutes ces plongées Waooh que nous avons faites pendant trois mois. Cela aurait pu constituer le Tome I de nos voyages-plongée en Indonésie, mais nous ignorions à cette époque qu’il y aurait une saison 2.
Bref, nous voilà donc au Salon de la plongée où nous retrouvons Jérôme de Wallacea Dive Cruse et Alain (directeur de plongée sur le PaisubatuII, bateau sur lequel nous avons fait une superbe croisière) qui, après une bise et quelques échanges de nouvelles, nous annonce avec son œil malicieux : « il reste quelques places pour les Raja-Ampat à la fin de l’année …» . Vous avez dit Raja Ampat ? Fin décembre ? … Nos yeux pétillent, on se regarde … et hop, en ½ h, l’affaire est dans le sac. C’est décidé, nous passerons les fêtes de fin d’année en Papouasie !
Autant la préparation de notre premier voyage avait été assez fastidieuse, autant là, tout nous a semblé (presque) facile. Nous retournions en terrain connu, connaissons tout des formalités administratives, et en 3 clics, nous avions une idée de ce que nous allions faire : pas question de recommencer la galère de sortie de territoire pour renouveler notre visa, alors, nous ne resterons « que » 2 mois… s’agissait alors de l’organiser autour de la croisière aux Raja-Ampat.
1°) Alor : une destination réputée pour la richesse de ses sites de plongée et qui nous tentait depuis longtemps. Situé à l’extrême est des îles de la Sonde, au Nord du Timor, entre les mers de Flores et de Savu, l’archipel d’Alor est une des ultimes frontières d’Indonésie et difficilement accessible jusqu’à très récemment. Jérôme (encore lui !) nous en avait parlé l’an passé et nous avions enregistré dans nos favoris les coordonnées de Gilles, responsable de « Alor Divers »
En quelques mails nous avions tous les renseignements dont nous avions besoin pour faire ce « petit » stop à Alor. Restait à régler une petite question : comment ferons-nous pour rejoindre Sorong ?
Aller à Alor demande du temps (2 avions par semaine entre Bali et Kupang – Est Timor – puis Kupang /Alor en bateau),
mais en repartir pour rejoindre Sorong s’est avéré nettement plus compliqué. Pourtant, quand on regarde la carte, ce n’est pas très loin.
Et oui, « vol d’oiseau », ne veut pas dire « vol d’avion » ! Jugez-en par vous-même …
3 vols différents pour rejoindre Sorong, en combien de jours, combien de nuits d’hôtel … ? Combiner un séjour sur Alor avant d’aller aux Raja-Ampat devenait irréalisable (et relativement onéreux), à moins que … il nous fallait étudier une solution bateau.
2) Alor, Sorong avec Grand Komodo
Incroyable mais vrai, mais la solution nous l’avons trouvée (sinon, tout le baratin précédent n’aurait aucun intérêt !). Fin novembre, la plupart des compagnies de plongée sont déjà sur la Papouasie, (la saison commençant en octobre), mais nous avions entendu parler de bateaux qui naviguaient régulièrement dans la « Banda Sea ». Quelques recherches sur Internet et nous repérons un bateau de la société « Grand Komodo » qui fait le trajet Maumere/Sorong … aux dates qui nous intéressent.
Incroyable ! Maumere se trouve à une île d’encablure de Alor, nous serons donc récupéré au large d’Alor, 24 h après le début de la croisière. Le boat-stop nous n’avions jamais fait ! Avouons-le, le tarif de ce « transfert» est bien au-dessus de nos moyens : on tourne et retourne le problème dans nos têtes, mais, en négociant une petite réduc en tant qu’anciens clients (le Raja Ampat Dive Lodge où nous avons séjourné en décembre 09 appartient à la même société), un séjour réduit d’une nuit et bien évidemment ce que nous n’aurons pas à débourser en vols aériens ( entre 100 et 150 euros/p/vol), nuits d’hôtel … vous l’avez compris, en prenant ce bateau, nous faisons presque des économies ! Irrésistible … et voici le résultat …
Et ensuite ? … nous demandent Amélie et Guillermo, nos voisins de paliers qui tentent tant bien que mal de suivre le fil de l’histoire …
– « Et bien, sur le chemin du retour, nous irons quelques jours au détroit de Lembeh, nous avons trop envie d’y retourner et puis, il faut bien rentabiliser notre visa, non ? »
– » Finalement si nous comprenons bien, vous allez prendre un bateau à la place de plusieurs avions, faire des plongées à gogo au lieu d’investir dans un abonnement au club fitness du coin, éviter la dinde, le champagne … et tout ce qui va avec …. »
La grande découverte de ce voyage est incontestablement ce que l’on nomme la « muck-dive » (littéralement « plongée fumier »). Plongées poubelles, plongées sur le sable, finalement la muck-dive désigne tous les sites où la macro est privilégiée. On nous avait prévenus, l’Indonésie est le royaume du petit, du petit hors du commun, là où abonde une variété d’espèces minuscules, toutes aussi étranges les unes que les autres.
Royaume du petit, mais également du mimétisme, car, se fondre dans l’environnement semble être une règle de survie. Pour exemple, ces gosth-pipe fish (poissons fantôme) qui prennent la couleur de la crinoïde dans laquelle ils se nichent, les hippocampes pygmées, difficiles à trouver tant ils se confondent avec le « grain » de leur gorgone,
ces poissons feuilles qui imitent à la perfection la couleur, la forme et le mouvement d’une feuille qui serait bercée dans la houle.
Il y a le crabe décorateur qui, caché sous une anémone semble avoir revêtu une tenue de carnaval ou encore cet autre qui a élu domicile sous une éponge
il y a le poisson grenouille dont il est difficile de cerner la bouche et les yeux et qui semble ramper plutôt que nager …
Parfois, seule une petite vibration dans l’eau permet de déceler la présence d’une vie et partout, ce sont des créatures étranges que l’on a souvent du mal à discerner ….
Poisson-démon, poisson-ange, lièvre de mer, poisson-vache, fantômes, dragonnet, poissons-rasoirs, poisson-grenouille (ou poisson-crapaud), poisson-feuille, apogons, mandarins, scorpions chevelus, feuille-scorpion, poisson-chat, poisson crocodile, …. autant de dénominations imagées pour ces petites créatures qui semblent venir d’autres sphères, d’autres temps. De jour comme de nuit, chaque grain de sable, algue ou rocaille peut révéler des formes et des couleurs étonnantes et nous n’en avons sans doute perçu qu’une toute petite portion: il faudra revenir, et pour plus de temps, prendre et reprendre des photos …. on s’en lasse pas!
Ces plongées macro, nous y avions goûté à Bali, nous les avons dévorées à pleines dents dans le Nord Sulawesi, principalement dans le détroit de Lembeh, réputé pour ses muck-dives: nous ne plongeons plus pareil, la découverte de cette faune imperceptible oblige à regarder différemment l’environnement. Tant mieux!
Et au-dessus? Pas mal non?