Direction les îles Banda (archipel des Molluques) … Pas d’avion (ou seulement quand le pilote se réveille, et dans ce cas le retour est parait-il assuré!), c’est donc en ferry que nous rejoindrons Banda Neira, un ancien comptoir aux épices que nous avions découvert lors de notre voyage en 2010. Nous avions été séduits et rêvions d’y retourner.
Les ferry indonésiens n’ont pas bonne réputation et nous avions toujours pris le soin de les éviter. Sachant qu’il y aurait énormément de monde, nous sommes arrivés sagement 2 heures avant le départ du bateau comme nous l’avait conseillé l’agence auprès de laquelle nous avons pris nos billets. Au vu du monde qui déjà s’entasse dans ce qui fait office de salle d’attente, nous ne le regrettons pas.
A l’entrée du port, pendant que nous négocions avec notre chauffeur à qui incombait de payer la taxe d’entrée (ce qu’il refusait de faire), un porteur surgit et s’installe d’office dans le taxi. Sans que nous ayons eu le temps de dire ouf, nos sacs sont débarqués et là, il nous réclame une somme astronomique (le prix d’un restau à 2). Impossible de discuter : notre méconnaissance de la langue et surtout notre statut évident de touristes ne nous met pas en position favorable. Résignés et un peu furax nous acceptons finalement le prix, et, affublés de nos énormes sacs de plongée et de nos non moins gros sacs photos, nous ne sommes pas mécontents de trouver un siège pour s’assoir, sinon, nous aurions fait comme beaucoup d’autres … se poser sur le sol.
Des familles entières sont installées, certains dorment, d’autres mangent. Le voyage sera long pour certains. Depuis quand sont-ils là, où vont-ils ? Une chose est sure, c’est que contrairement à nous, ils n’auront pas eu les moyens de se payer un billet 1ère classe.
Quel bruit ! cela grouille de partout. Les vendeurs ambulants circulent parmi les allées encombrées et vendent l’un de la nourriture (sans doute du riz) emballée dans des feuilles de palmier et des boissons plus ou moins fraiches, l’autre des magasines, des toiles plastifiées qui serviront sans doute à s’allonger sur le sol du bateau…. Les enfants courent, jouent, crient et font les stars devant nos appareils photos avec leurs ballons kitch achetés à l’entrée.
Il fait chaud, il fait moite. Rester vigilants sur nos bagages bouclés à double tour avec des rizzlans, nos sacs, nos poches : les pickpockets sont partout et forcément agiles. On range l’appareil photo, on attend, on observe, on répond aux sourires que nous font les enfants …
Avec 4 heures de retard, le bateau arrive enfin : il n’a pas l’air trop pourri. La foule se lève, les porteurs courent, c’est à qui sera le premier pour attraper un des énormes colis qui sera débarqués. Les marchands se précipitent, il y a les voyageurs qui arrivent, il y a ceux qui partent. Combien de personnes voyagent dans ce ferry ?
Sagement, Marco propose de ne surtout pas se précipiter : nous avons un n° de cabine, et cela ne sert à rien d’aller se perdre dans cette cohue où chacun joue des coudes. Mais notre porteur en a décidé autrement. Il attrape nos sacs et se fraye un chemin dans cette fourmilière. Tant bien que mal nous le suivons : ne pas perdre de vue nos sacs ! Plus on approche du bateau, plus la foule se densifie. Je serre la main de Marco : ce genre de situation m’angoisse. Nous donnons nos billets, payons le porteur et commençons l’ascension de la passerelle.
La 1ère vision de l’intérieur du bateau est saisissante : nous traversons des allées de lits superposés déjà occupés. On dirait un dortoir de prison tel qu’on en voit dans certains films américains. 4ème, 3ème classe ? C’est assez glauque et inutile de préciser qu’il n’y a pas l’ombre d’un seul visage occidental à cet étage. Finalement nous arrivons à l’étage des cabines first class… et récupérons la clé de notre cabine.
Là, le porteur se retourne vers Marco et lui réclame son dû. Cela va durer pratiquement ¼ d’heure, de gueulantes, d’insultes…. Nous avons déjà payé, pas question de recommencer. Heureusement qu’un indonésien se mêle de la discussion et demande au porteur de vider ses poches. Il en sort nos deux beaux gros billets … au milieu de petite monnaie. Finalement, nous réglons le problème en nous enfermant dans la cabine jusqu’au départ, laissant le porteur face à une porte close.
Notre cabine ? La notion de 1ère classe n’est pas la même que chez nous : il y a une télévision sans antenne (surprenant tout de même de trouver une télé), les lampes n’ont pas d’ampoule, quant à ce qui sert de salle bain … nous y pénétrerons que pour le strict nécessaire.
Deux heures plus tard, nous mettons le nez dehors pour acheter quelque chose à se mettre sous la dent : nous n’avons pas entendu l’appel pour le diner (mais y en a-t-il eu seulement un ?). Le bateau démarre enfin, laissant tout le monde s’installer pour la nuit. J’aurai voulu prendre quelques photos, mais cela aurait été provocateur, limite indécent. Laissons les mots raconter le film.