Black sand *, nom d’une plongée dans le détroit de Lembeh qui résume à lui seul la caractéristique principale de la plupart des sites de Lembeh, à savoir le sable noir. On pourrait y ajouter : visibilité souvent inférieure à 10 m, plongées peu profonde, détritus en tout genre et …. une surprise par minute (voir « la moisson de Lembeh »).
Le temps d’arriver à un mètre du fond, invariablement la même question revient : « mais, qu’est ce qu’on fait là ? ». Masque contre le sable (enfin presque), palmes en l’air et palmage en « grenouille » afin d’éviter de soulever cette poussière fine qui réduirait la visibilité à 0, lampe allumée, on regarde, on ne voit rien, à part quelques algues qui donnent une tache de couleur dans cet univers sombre, une anémone perdue au milieu de nulle part, une vieille chaussure et quelques déchets tombés d’un bateau …
Puis, nos yeux s’habituent, nous réalisons que derrière la basket se cache une « rascasse ennemie » (tellement peu appétissantes que je les ai surnommées « hugly »), nous distinguons un poisson fantôme, apercevons un gobie qui à l’aide d’une crevette creuse inlassablement un trou (la crevette faisant office de « déblayeuse »)…
Les couleurs vives d’une crevette mantis pointant ses antennes attire notre regard : avec ses yeux toujours en mouvement, elle semble nous défier … Elle sort de son trou, va derrière un morceau de bambou, pointe à nouveau ses antennes … Jeu de cache cache, « je sais que tu m’as vue, mais là, je me cache … ah! tu es encore là ».
Quelques photos, presque faciles… On lève la tête et dans notre champ de vision apparait un poisson flûte confortablement installé sur une raie pastenague… et puis, plus rien ….
Notre guide s’est éloigné, on ne le voit plus …. mais on l’entend … un halo de lumière transperce l’eau. Il vient de dénicher un poulpe qui a choisi comme habitat … une bouteille sans doute tombée d’un des nombreux bateaux qui sillonnent le détroit …
Demain, ce poulpe-coco (tel est son nom), ira trouver refuge dans une noix de coco ou dans tout autre receptacle dans lequel il pourra se cacher. Quelques mètres plus loin voici un hippocampe orange se laisse bercer par le va-et-vient du courant, un dragonnet se détache du fond gris grâce à ses écailles bleues, une flabelline rose fushia se balance tranquillement sur une algue. Cela n’arrête pas. Les flash crépitent… de vraies stars!
Attention aux batteries qui se vident, à la buée qui commence à se former. Gardons un peu d’énergie pour ce magnifique poisson-lime que nous n’avions jamais vu.
Le temps d’amorcer la remontée, deux poissons crapaud plantés sur leurs nageoires semblent nous attendre.
85′ … on remonte. Dans deux heures, on recommencera, 300 m plus loin, encore du sable gris noir où d’autres surprises nous attendent.
* Très étonnement, cette plongée se nomme aussi « Rojos » ce qui, vérification faite, veut dire « Rouge » en espagnol.