Ils sont là, ils sont partout, souriants, joueurs, accueillants, curieux, taquins …. Comme tous les enfants, dirions-nous …
Ils sont venus vers nous, ont demandés à ce qu’on les prenne en photos et on a ri ensemble quand ils ont découvert leur bouilles dans l’appareil … Comme tous les enfants, direz-vous.
Ils sont venus vers nous, demandant dans un anglais impeccable comment nous nous appelions, d’où nous venions, ce que nous aimions, quelle était notre couleur préférée, depuis combien de temps nous étions en Indonésie, si nous aimions Banda Naira. Une liste de questions, joliment formulées, et, à chacune de nos réponses, ils nous expliquaient qui ils étaient, où habitaient les parents, les grands-parents, le nom de leur frère, le nombre d’enfants dans la famille … Puis ils nous ont appris qu’ils avaient un professeur d’anglais, dans le village. Apparemment seuls les garçons y ont eu droit, ou seuls les garçons ont osés nous aborder. Possible aussi…
aux glissades sur l’herbe, aux passes de ballons, aux baignades pleines de rires et de facéties,
s’accrochant à la corde d’un bateau qui passait par là et se faisant tirer sur plusieurs mètres jusqu’à ce que la poussée soit trop forte,
s’éclaboussant les uns et les autres ou restant tranquillement assis dans les bras de leur mère, les pieds dans l’eau à deviser …
Jeux d’enfants de partout, direz-vous.
Parmi eux, des mères baignent leurs jeunes enfants et se délassent. Leurs visages changent, se détendent. Moment de tendresse.
Dans les rues de Banda Neira du matin au soir,
nous avons aimé les rencontrer à pied ou en vélo, seuls ou en bande, sur le chemin de l’école avec leurs uniforme
ou à la sortie de la mosquée, les petits entourés par leurs ainés, les petites filles habillées comme des princesses, quoique souvent voilées et parfois mères, même très jeunes.
Comment l’avons-nous connu? Au salon de la plongée (Paris janvier 2009) Ce qui nous a séduits :
– la quantité d’informations et des tuyaux communiqués sur l’Indonésie (le tout désintéressé: nous avons presque du insister pour obtenir son programme et sa plaquette). C’est à partir des contacts avec Jérôme que nous avons commencé à mesurer que notre projet était jouable.
– les commentaires élogieux trouvés sur BMPP
– les prestations proposées : le bateau, les itinéraires proposés.
Ce que nous avons fait :
Croisière Sulawesi Nord sur le Paitsubatu (Octobre 2009) : Bunaken, îles Bangka, détroit de Lembeh, îles Sangihe
5 – A venir … Une croisière thématique « plongée/gastronomie » autour de la route des épices en mai 2015 , une collaboration spicyploufagain et Wallacea : A150503 croisiere gourmande
Au Mutiara (Guest-House à Banda Neira), c’est l’heure de la préparation du diner : comme tous les soirs, 15 personnes sont attendues ce soir.
Vers 16h, Dili, (la femme de Abba, propriétaire des lieux) se met aux fourneaux : 2 petits feux posés à 50 cm du sol (c’est moins fatiguant pour le dos) suffiront pour préparer tous les plats.
Au menu ce soir, le thon est à l’honneur : soupe aux boulettes de thon, salade Banda, aubergines à la sauce Kenari, galettes (ou burger) de thon, Gado-Gado (légumes à la sauce cacahuètes) ainsi que, comme tous les soirs, un poisson grillé au barbecue, suffisamment gros pour que tout le monde soit servi abondamment.
Tous les produits sont frais, achetés au marché et, tout en me montrant les différents ingrédients nécessaires au diner, Dili m’explique que l’on trouve peu de fruits et légumes sur l’île. Pourtant l’eau est abondante et les terrains fertiles, mais vivre de la noix de muscade semble plus facile que de cultiver un potager ! Facile peut-être, mais rentable ? Cela est une toute autre question…
Tout en parlant, Dili s’affaire : le thon est coupé en morceaux, citronné, une partie sera mixée, une autre grillée… puis mis de côté. Elle attrape une poignée de légumes, la jette dans l’eau bouillante, met dans un mixer un mélange d’ail, de piment et d’échalotes. Les gestes sont sûrs, rapides, à croire qu’elle a plusieurs mains. Pendant ce temps, sa fidèle assistante a râpé de la noix de coco qu’elle mouille à l’eau, la malaxe puis filtre le jus : on obtient ainsi un lait de coco gouteux, épais. Elle recommencera deux fois la même opération, remplissant 3 bols de densités différentes qui serviront soit comme base de sauce, agrémenter un bouillon ou autre … Pour le gado-gado, la pâte de cacahuète est déjà prête: elle en a préparé 3 kgs la semaine dernière et déjà, elle arrive à la fin de son stock. Et là encore, ce n’est pas une mince affaire: piler les cacahètes jusqu’à obtenir une pâte épaisse, puis mélanger avec du sucre de palme et quelques autres substances secrètes!
Dehors, sur le barbecue, le poisson grille. Il cuira à feu très doux pendant 2 heures et sera servi moelleux, accompagné d’herbes coupées.
Une odeur émane des fourneaux : dans le wok grésille de l’huile de coco ainsi que de la citronnelle, un mélange de choux, de carottes et d’oignons, les légumes verts, comme les haricots sont toujours cuits en dernier. Ils seront croquants, à peine cuits. J’attrape un « économe », épluche, coupe en tronçons les quelques carottes manquantes. Ce sera ma modeste contribution, préférant me faire toute petite dans u coin de la cuisine, afin de ne pas déranger. Dili rit …
Petit à petit, les plats prennent forme : on confectionne les boulettes de thon qui iront dans un bouillon, les galettes de thon assaisonnées avec de multiples ingrédients seront passées au wok (toujours dans l’huile de coco).
La noix de kenari a été pilée, mélangée à du piment, de l’ail, de l’échalote, du galenga. Ce mélange sera la base du curry auquel on ajoutera du lait de coco, tout d’abord un peu du 3ème jus pour mouiller puis ensuite le bol entier de la première pression. Couleur, odeur, saveur … je ne me contente plus de regarder, je goute. Dili me demande mon avis sur l’assaisonnement.
Garam ? Faut-t-il ajouter du sel ? Elle sort d’un placard le sel, d’un petit sac suspendu des oignons, d’un bol du frigo des légumes, d’un seau posé sur le sol les noix de kenari…. Quelle organisation ! Un marteau apparait dans ses mains, elle concasse une noix de muscade qui ira dans un bouillon, ainsi que la pâte de crevette, une tige de citronnelle, des légumes dont j’ignore le nom … je perds le fil des opérations.
Les plats en attente s’accumulent sur le plan de travail, la sauce kenari est prête, Dili la verse sur les aubergines déjà grillée. Hop, une poignée de céleri coupé (fait office de persil plat), un peu d’oignon grillé et le plat est terminé. Les finitions se feront sans moi, une façon de préserver quelques secrets ?
J’ai l’impression d’avoir reçu un immense cadeau : l’honneur de partager les 3 heures de préparations de ce qui s’est avéré être un véritable festin.
Demain, nous irons visiter la plantation de Abba, là d’où viennent la muscade, le clou de girofle, la cannelle de Dilli
…. qui a coulé cette nuit au large de Missol (heureusement, il n’y a que des pertes matérielles). Nous sommes tristes, nous aimions ce bateau sur lequel nous avons fait deux séjours : en 2009 au nord de Manado (Sulawesi) et en 2010 aux Raja-Ampat