21/12/10 au 2/01/11 – Aux Raja Ampat sur le Paisubatu
Des pygmées chez les Papous !
Aux Rajat-Ampat (partie indonésienne de la Papouasie occidentale), les hippocampes pygmées ravissent la curiosité des plongeurs et sont de fait, la proie des photographes amateurs ou professionnels.
Leur dénomination vient de leur extrême petite taille et, pour qui n’a pas un regard exercé, il est quasi impossible d’en dénicher un.
Heureusement, les guides ont des yeux de lynx et, il n’est pas rare de les voir foncer sur une gorgone, de faire signe et de désigner un point dans la dite gorgone : là se niche un hippocampe qui, fort de son petit centimètre et jouant de son mimétisme avec son habitat, prend semble-t-il un malin plaisir à se cacher, se tortillonner, passer de l’autre côté, sauter quelques centimètres plus loin … le tout au grand dam de notre ordinateur de plongée qui augmente sans vergogne les temps de palier.
Combien de photos prises à l’aveuglette ? Parfois, nous avons passé presque autant de temps à les retrouver sur le cliché que lorsque nous étions sous l’eau. C’est peu dire ! Alors, le jour où nous en trouverons un par nous-mêmes, on sera plus que fiers ….
Dans cette région de l’Ouest de la Papouasie, nous avons repéré trois sortes d’hippocampes pygmées qui diffèrent suivant le type de gorgone dans laquelle ils se nichent :
• le pygmée Bargibenti , rose le plus souvent, mais parfois orange, il se caractérise par ses « pustules » qui imitent à la perfection la forme et la couleur des polypes de la gorgone.
• l’hippocampe pygmée Denise semble dénudé par rapport à son cousin Bargibenti !
• « Le pygmée sp. » une espèce endémique du Sud des Raja Ampat que l’on trouve dans une gorgone rouge orangée
Plus tard, dans le détroit de Lembeh (Nord Sulawesi), nous avons eu la chance de voir un hippocampe pygmée, le « Pontohi », nom du guide qui l’a découvert à Bunaken il y a quelques années seulement : comme ses congénères, il est craintif, se cache, tourne la tête, change de sens dès que l’on s’approche …
Voilà, des descriptifs pas très scientifiques, des identifications peut-être erronées, … mais tout va vite dans ce domaine: de nouvelles espèces seront sans doute découvertes d’ici peu, de nouveaux livres sortent régulièrement. Quoiqu’il en soit, nous restons toujours à l’affut de précisions qui permettraient d’affiner les informations ….
Gunung Api et Lucipara, 2 îlots dans la mer de Banda
3 Decembre 2010 – Nous voilà partis pour 15 jours à bord du Temukira, direction Sorong.
Avant de rejoindre les îles des Raja-Ampat que nous avons abordées par le Sud, nous avons navigués dans la mer de Banda pendant 4 jours où nous avons plongé sur de minuscules îlots perdus en pleine mer. Plonger dans de tels endroits donne la sensation d’être des explorateurs ! Que va-t-on découvrir, comment seront les fonds, les coraux, quelle faune va-t-on rencontrer, comment sera la visibilité? Cette question on se la pose à chaque plongée, mais le fait est que ces petits cailloux sont des sites très peu fréquentés et qu’on peut ainsi espérer de trouver des coraux intacts, de l’abondante faune accrochée et de nombreux poissons….
Gunung Api Island
La première plongée sur Gunung Api a été tout simplement hallucinante ! Dans une eau limpide, sur un fond assez rocailleux et quasi désertique, évoluaient des dizaines et des dizaines de serpents. Dommage, les photos que nous avons prises au fish-eyes (une erreur dans le montage ce qui donne cet aspect « hublot ») ne rendent pas compte de cette abondance …
Certes notre guide avait parlé de serpents pendant le briefing, certes des serpents en plongée on en avait déjà vu, mais un de temps en temps qui se mouvait entre les coraux à la recherche de quoi se nourrir, apparitions furtives et rarement captées par l’appareil. Mais là, quelle quantité !
Fluides, curieux, ils passent entre nous, zigzaguent, se tordent, nous frôlent et repartent en pleine eau en changeant parfois de couleur. Tels des rubans de gymnastique artistique qui se déroulent et forment des figures, ils exécutent une sorte de danse, s’entremêlent, s’accouplent en pleine eau sous nos yeux sans se soucier de notre présence inopportune. Nous sommes bouche bée devant un tel spectacle et le resteront encore lors de la deuxième plongée.
Laissant les serpents, nous descendons dans les 40 m, les paysages changent : sur un tombant dont nous ne mesurons pas le fond, nous voyons se dresser d’immenses éponges barriques, tordues, tarabiscotées, certaines faisant plus de 3 m de diamètre…. On aurait envie de s’y plonger.
Un requin passe au loin, quelques thons sont là, les carangues sont énormes. Nous remontons tranquillement et retrouvons les serpents qui continuent leur ballet en plein eau. Surprenant !
Lucipara Island
14 h séparent Gunung Api de Lucipara. Nous avons progressé vers l’est et avancé nos montres d’une heure. Les deux îles qui émergent sont accueillantes : plage de sable blanc, palmiers …. On dirait les Maldives ! Avant même de nous mettre à l’eau, nous avons eu la surprise d’être accueillis par des colonies d’oiseaux, de frégates et de goélands, qui ont tourné autour du bateau. Peu farouches, ils sont restés sur le bateau et nous ont accompagnés jusqu’à notre point d’ancrage.
Plus encore qu’à Gunung Api, les éponges barriques sont ici gigantesques et nous pensons à Kaka-Bia, un îlot dans la mer de Florès où nous avions plongé en 2009.
La faune accrochée est splendide, les coraux mous intacts, et les gorgones de toutes couleurs sont immenses.
On joue à cache-cache derrières ces éventails marins, et, la lumière et les sujets s’y prêtant, on essaye d’appliquer les conseils prodigués par Claude durant notre stage photo : prise de la lumière dans le bleu, réglage du flash sur le premier plan, jouer sur la profondeur de champ …
Mais, le courant n’a pas dit son dernier mot, il nous déstabilise et nous entraîne un peu plus loin … La visibilité est excellente, on est attiré par ce bleu profond, mais nous n’irons pas au-delà de 45m.
Ce jour là, nous avons croisé 2 tortues dont une minuscule qui dormait dans un recoin, des gros thons, nous avons joué dans un banc de carangues géantes, n’avons pas vu le requin marteau qui fit une brève apparition devant d’autres plongeurs, aperçu un poulpe qui s’est faufilé rapidement dans un trou dès que nous sommes arrivés, avons snobé un napoléon qui se profilait au loin. Banal quoi!
Alors …. Alor?
Aller à Alor, nous en avions rêvé, même si c’est loin …
Les 15 jours que nous avons passés à l’Eco Resort de plongée Alor Divers sur l’île de Pentar (Archipel d’Alor) ont été au-delà de tout ce que nous avions imaginé : 7 bungalows cosys enfouis dans les arbres, distants de quelques mètres d’une grande plage de sable blanc, des spots de plongée qui vont se révéler surprenants, variés, colorés …. et surtout pas un bruit ! Quel luxe !
Une pirogue à balancier permet de rejoindre le bateau à moteur ancré à une centaine de mètres du bord et, pour accentuer cette sensation d’être au « bout du monde », loin de toute civilisation, pas de journaux, pas d’infos, pas de cancans, pas de nouvelles, un réseau téléphonique succinct, une connexion internet pour l’instant très aléatoire … Avouons-le, cela ne nous a pas manqué ! Certes, nous comptions sur internet pour finaliser les derniers détails de la suite de notre voyage et faire des transactions bancaires (sans compter la banque qui ne comprend pas que nous ayons quelques difficultés à envoyer un fax ou autre document), notre famille qui attend des nouvelles, des photos, le blog qui reste en rade, la newsletter qui ne partira pas…. Pas de connexion? Tant pis, on s’en passera et, que les plus férus de nouvelles technologies soient rassurés, Pantar devrait être relié à la toile d’ici quelques mois.
Alors, nos préoccupations se sont cantonnées à se renseigner sur l’heure des marées, le sens et la force du courant, l’heure et le lieu de la prochaine plongée …. Irons-nous plonger sur le sable à la recherche de créatures étranges comme le poisson scorpion rhinopias, le poisson fantôme, le poisson crapaud, les hippocampes, les crevettes et crabes de toutes sortes …. ou, va-t-on se laisser dériver sur des tombants couverts de gigantesques éponges barriques, d’anémones, de crinoïdes, de gorgones multicolores, de corail fouet, de coraux mous ou durs où l’on trouve une faune aussi diverse que variée …. Grave question métaphysique !
Car, avec une vingtaine de spots situés dans le détroit de Alor accessibles en moins d’1/2 h, le house-reef que l’on peut explorer à volonté, il y a l’embarras du choix. Gilles, qui connait tous ces endroits comme sa poche, s’est fait un malin plaisir de nous les faire découvrir. Il n’y a qu’à se laisser porter.
C’est sans doute là que nous avons vu les tombants les plus colorés et les plongées sur le sable black, gris voire rose, nous ont réservés de belles surprises: pour exemple, le jour où, pendant que l’un de nous photographiait un joli crabe de corail (moins d’un cm), il se déroulait une bagarre étonnante entre deux gost pipe fish alors qu’un troupeau de mobulas (petites raies mantas) tournait au-dessus de nos têtes …
Ne parlons pas du jour où nous contemplions des « sea-apple » (un animal de la famille des oursins qui nous était totalement inconnu), un violent courant s’est levé nous obligeant à nous accrocher pendant 10 minutes au corail avant de pouvoir regagner la surface. Waooh ….
Pendant 15 jours nous avons plongé et replongé depuis le bateau, depuis la plage, le matin très tôt, au coucher du soleil ou de nuit, nous avons profité de ce silence et de cet environnement simple et sauvage, nous avons savouré la cuisine de Lenya mitonnée subtilement avec légumes, poissons, herbes et épices fournis par le village (dont l’étonnante mangue-coco un fruit endémique de la région), nous nous sommes baignés et avons barboté en compagnie du rire des filles de Gilles et Lenya.
03 01 au 12 01 11 – Détroit de Lembeh
21/12/10 au 02/01/11 – aux Raja Ampat sur le Paisubatu