4h30 – 12h30 – 15h30 – 18h30 – 21h30 …. Ponctuel comme une horloge suisse, le chant du muezzin s’élève par-dessus les ruelles de Banda Neira. Pas besoin de montre. Une voix profonde et grave brode autour de la gamme de la mineur : la mi ii, ré mi ré mi ré do si do si do … si la sooool# … pour enfin se poser délicatement sur le la. Toujours la même tonalité. Toujours les même mots sans cesse répétés que nous n’entendons pas et, si nous n’en comprenons pas le sens, cela est sans importance (pour nous – cela va sans dire). Les notes sont ciselées, faisant penser aux arabesques de la calligraphie arabe, et si parfois le chant du muezzin peut déranger, celui de Banda Neira a une voix de stentor, ferme, assurée et presque envoutante. Quelle prouesse d’improvisation mélodique!
Parfois, il y a des surprises. Un soir, alors que nous étions en train de diner et que l’heure de la prière était passée, une autre voix, un autre chant moins sûr, beaucoup moins juste et plus saccadé s’élève de la mosquée. Puis, une voix enfantine extraordinairement claire a poursuivi le rituel. C’était mélodieux, délicat, émouvant et nous sommes restés là, silencieux, à écouter cette mélopée qui cadrait si bien avec le paysage calme et reposant qui nous entourait. Serait-ce l’heure du radio-crochet ? Et si c’est le cas et que nous devions voter, notre choix serait immédiat. Il y a un jeune garçon qui a de l’avenir, ça c’est sûr … En tous cas comme muezzin !